Un an en Angleterre : le bilan
Avec Mr Platypus, ça fait un an que nous vivons en Angleterre ! Youhou. Bien que mes attentes aient plutôt été limitées – je m’attendais juste à : 1) avoir un super équilibre de vie pro / vie privée 2) me faire une tonne d’amis, et 3) vivre heureuse avec mon mari (ça va, c’était tout à fait raisonnable :-)), je dois admettre que la première année n’a pas été faite que de hauts.
Vivre à l’étranger est une expérience qui fait grandir car elle met aussi en lumière nos propres a priori. En tant que Française vivant dans un pays européen, je m’attendais à ce que le style de vie soit assez similaire et que finalement, il y ait peu de changements entre ma vie en France et ma vie en Angleterre. Wrong!! Donc pour notre anniversaire de déménagement, voici un premier bilan.
Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, je vous propose d’essayer la routine… elle est mortelle (Paolo Coelho)
Les très bonnes surprises
Vivre avec M. platypus
Au final, une de mes attentes ultra-raisonnables s’est réalisée Nous n’avions jamais vécu ensemble avec Mr Platypus avant de déménager en Angleterre et ce que je vais dire peut sembler très « kitch », mais j’apprécie tous les moments vécus ensemble.
Nous avons dû faire des compromis, en particulier des objets qu’on garde à l’appartement. Car Mr Platypus garde vraiment beaucoup d’objets ! Nous devons prendre en compte un autre avis que le nôtre dans la façon d’aménager les choses. Mais justement, c’est ce qui me fait grandir et m’a appris à réagir d’une façon moins égoïste.
J’adore avoir nos petites routines, nos « me-time », nos activités qu’on fait ensemble. Donc oui, la vie en Angleterre coïncide avec la vie à deux avec Mr Platypus et c’est quelque chose que j’aime vraiment.
Avoir une bonne qualité de vie
Avoir plus de temps libre : en Angleterre, on commence plus tôt – environ à 8h vs 9h dans mon ancien boulot. Et bien que je tende à finir plus tard que les Anglais – vers 18h – car j’ai besoin de ma pause déjeuner, j’ai vraiment l’impression que mon équilibre de vie s’est amélioré car je n’ai plus besoin de passer une heure dans les transports. Donc oui, j’ai gagné 2h de vie par jour, et c’est chouette.
Vivre dans un endroit moins pollué : j’adore vivre dans les grandes villes mais je me rends bien compte que vivre dans une ville plus petite fait du bien à ma santé. J’ai moins de problèmes de rhume de foin (et je suis sûre que la pollution empirait les choses)
Manger plus sainement : on s’est abonné à un panier de légumes et fruits cultivés dans une ferme locale. Je pense que c’est une bonne idée pour découvrir des nouveaux légumes (même s’il y a une période où j’en avais marre des salades) et pour soutenir les fermes locales
Vivre dans une belle région d’Angleterre
On m’avait dit que Bristol était une ville dans laquelle il fait bon vivre. Et c’est vrai. Et j’avais entendu parler de Bath comme une ville ravissante. Encore vrai. Mais la région autour de Bristol est vraiment exceptionnelle. Les paysages sont incroyables et ne sont pas loin en voiture. Nous n’avons pas de voiture et il faut s’organiser, mais avec les beaux jours qui arrivent, j’ai vraiment envie d’explorer plus. Et difficile à décrire, mais marcher dans un beau paysage rend heureux.
Se créer de nouvelles routines
La bonne chose quand on vit à l’étranger c’est qu’on change nos habitudes et on crée de nouvelles routines. Au début, j’avais téléchargé une application pour faire du yoga. Ensuite, je me suis dit que je voulais faire du yoga en cours. Enfin, je me tente à la méditation. Mais en tout cas, quand un rituel fonctionne, il y a une satisfaction qu’on en retire qui est incroyable. Et vivre à l’étranger incite à essayer de nouvelles choses. J’aime bien !
Ce qui a été plus difficile que je ne le pensais
J’ai commencé par les très bonnes surprises mais comme je le disais dans l’introduction, il y a aussi eu des bas… Voici aussi les points qui ont été compliqués (et qui peuvent l’être toujours)
Trouver un boulot qui me plaise
En grandissant en France, j’ai appris à connaître les codes qui permettaient de m’ouvrir le plus de portes. J’ai eu beaucoup de chance de trouver un boulot en suivant Mr Platypus à Bristol. Et j’en suis très reconnaissante. En revanche, pour être honnête, le poste allait avec des défis en termes de charge et de pression auxquels je ne m’attendais pas. Et effectivement, les premiers mois ont été très compliqués.
Il en est quand même sorti quelque chose de positif : ça m’a secouée un peu pour que je me pose les bonnes questions. Qu’est-ce qu’à terme je souhaiterais faire, quelles sont les compétences à acquérir…? Même si je n’ai pas changé de job, au moins je travaille pour m’en donner les moyens, que ce soit à Bristol ou ailleurs.
Se sentir isolée et parfois « out-of-place »
Je n’ai pas de problème à avoir des activités seule et je ne ressens pas le besoin d’être toujours accompagnée. Néanmoins :
- On voit moins sa famille : on s’y attend et le fait d’être au téléphone compense la distance, mais oui, la famille peut manquer
- Je m’attendais sincèrement à me faire des amis plus facilement : j’ai fait des activités mais le nombre de cours a été trop court pour que je crée vraiment des liens. J’ai participé à des meet-ups pour me faire des amis « locaux » mais il s’agissait plus d’évènements sociaux et la conversation est restée superficielle. Je ne sais pas comment le décrire simplement mais la plupart du temps, je ne me suis pas sentie à ma place. Je ne sais pas si la barrière de la langue a joué, mais c’est vrai que je m’attendais à me faire des amis plus facilement
- Mon cercle de copines proches me manque : même si Mr Platypus connaissait déjà quelques personnes avant d’arriver, et même si j’adore ces personnes, mon propre groupe de copines m’a manqué. Il y a un côté régénérant de pouvoir parler entre copines de tout et n’importe quoi. C’est un peu compliqué à expliquer mais je pense aussi que j’ai une approche de l’amitié qui est peut-être un peu (trop ?) fermée. Les amis de Mr Platypus restent de mon point de vue ses amis : c’est lui qu’ils contactent pour organiser des soirées. Et moi, j’aimerais juste aussi avoir mes amis qui pourraient me proposer de faire des sorties avec ou sans Mr Platypus
C’est en vivant en France qu’on se rend compte aussi de notre façon de fonctionner. Cela prend du temps, mais pour l’instant j’ai une vie sociale un peu plus restreinte qu’à Paris. Et oui, je me rends aussi compte que ça me manque.
Sentir que la météo pourrait être meilleure
Je sais que c’est cliché mais oui, la météo pourrait être meilleure. J’aimerais bien sortir des jupes ou des robes sans collants (hé, il faut que le mercure monte un peu, je ne suis pas Anglaise !).
Quand il fait beau, le visage de la ville change littéralement et Bristol devient une ville merveilleuse. Mais il faudrait quand même qu’il fasse plus beau plus souvent. Et malheureusement, la pluie, ça plombe mon moral
Ne pas sentir son Anglais s’améliorer
Je suppose que travailler dans une équipe française et avoir des amis français n’ont pas aidé pour améliorer mon Anglais. Mr Platypus pense que parler anglais est plus naturel maintenant pour lui, mais je trouve encore difficile à m’exprimer dans la langue de Shakespeare.
Et je pense que ça contribue partiellement à mon manque de confiance pour trouver un nouveau boulot (même si e n’ai pas eu d’entretien jusqu’à maintenant) ou à discuter avec des personnes dont l’Anglais est la langue maternelle (ils parlent tellement vite) !
Mais j’imagine que ça prend juste un peu plus de temps !
Comparer trop souvent avec ce qui se fait en France
Dernier point : on a tendance à comparer avec la façon dont on a toujours connu les choses. Et je me rends compte que ce n’est pas la meilleure façon d’apprécier une culture. On ne peut pas embrasser une nouvelle culture si on la met toujours en défaut par rapport à nos anciennes habitudes.
Ok, je préfère les yaourts fermes qu’on trouve en France ou les pâtes brisées qui permettent de préparer des quiches rapidement. Ok, je préférais les bibliothèques parisiennes plus fournies en livres et où on peut profiter de plein de BDs. Ok, une cantine au boulot, c’est quand même incomparablement plus pratique que de devoir préparer sa gamelle ou sortir au restaurant.
Mais peut-être qu’accepter qu’il y a d’autres façons de faire et de vivre autrement permet aussi de mieux accepter une vie à l’étranger.
C’est d’ailleurs ce que je trouve intéressant de vivre à l’étranger : on cristallise au début nos regrets de ce qu’on a perdu dans notre pays d’origine mais au final ce sont ces défis qui mettent en évidence nos schémas de pensées. Finalement, cela nous permettent de sortir de ces schémas et de sortir de notre « zone de confort ». On change notre façon de pensée. On grandit en bref. Et finalement, il y a des choses pas trop mal dans notre pays d’accueil J
Conclusion
Voilà pour un premier bilan. J’ai trouvé intéressant de repenser à cette première année. Il y a eu des hauts, il y a eu des bas mais ce sont ces bas qui m’ont permis de me poser des questions.
En France, je ne me serais peut-être pas posée de questions sur les activités qui m’apportaient de la satisfaction (apprendre des langues, écrire, lire des livres pour apprendre…) car je me serais reposée sur les lauriers d’une routine déjà bien rôdée. Et ce sont ces nouvelles activités qui me permettent de me sentir mieux maintenant.
Je suis persuadée que ce qui me paraissait comme compliqué dans un premier temps me paraîtra normal avec le temps. Idem pour les bonnes surprises : l’habituation hédonique me laissera penser que ce ne sont que des standards.
Qu’en est-il de vous (pour ceux qui ont vécu à l’étranger) ? Qu’est ce qui a été compliqué ? Quel bilan en avez-vous tiré ?