Maman au foyer – mon bilan après 9 mois
Ca fait 9 mois que je suis maman au foyer ! Le temps passe vite ! Après un congé maternité qui devait durer 6 mois, nous sommes rentrés en France et n’ayant pas d’emploi, je suis restée m’occuper de bébé Chipmunk.
Je vous avoue que ce n’est pas forcément la configuration idéale : je suis maman solo quelques jours par semaine car Mr Platypus travaille dans une autre ville et nous n’avons pas trouvé de place à la crèche, ce qui fait que je n’ai pas forcément de relai pour m’occuper du bébé et que je suis à 100%. Entre bonheur et crise de nerfs, voici mon bilan de maman au foyer : mes difficultés, mes joies et ce que devenir maman au foyer m’a appris.
1. Les difficultés que je rencontre
Fatigue et charge mentale, le combo gagnant
Etre maman au foyer, c’est un boulot à plein temps qui n’est pas reconnu à sa juste valeur
La fatigue de la maman au foyer
Les premiers mois dans la vie d’un être humain sont immanquablement les plus intenses.
Les premiers mois, je ne pouvais pas laisser bébé Chipmunk seule plus de 5-10 minutes avant qu’elle se mette à geindre. Je l’ai portée en écharpe presque tout mon temps éveillé. On n’a pas le temps de faire pipi, se laver, prendre le petit déjeuner. Il faut d’abord changer le bébé, allaiter, lui mettre de nouveaux vêtements. Les besoins de bébé Chipmunk passaient avant les miens, surtout au début. Pour les tâches ménagères, idem, je l’ai portée en écharpe dès qu’il fallait s’occuper de la maison. Je ne remercierai jamais assez ma copine qui m’a envoyé son écharpe de portage, qui était de bonne qualité et ne faisait pas mal au dos.
Ajoutez à ça le fait que bébé Chipmunk ne dormait pas bien. Maintenant, elle se réveille encore une fois par nuit et ne se rendort que si je la fais téter (certes, c’est bien mieux qu’avant mais ça casse quand même ma nuit), et ses siestes restent encore courtes et aléatoires. C’est dur d’avoir des pauses et surtout de planifier des choses !
La charge mentale de la maman au foyer
Mr Platypus m’aide beaucoup quand il est là. Même en télétravail, il s’occupe de beaucoup de choses (bébé Chipmunk, tâches ménagères etc.) et le weekend, je pense honnêtement qu’il s’occupe plus de bébé Chipmunk et de la maison que je ne le fais.
Néanmoins, le fait est là. Depuis que je suis maman au foyer, j’ai l’impression que ma charge mentale a doublé. M’occuper de la maison et du bébé n’est pas une charge qui dure le temps du weekend. C’est vraiment 7 jours sur 7.
Dès le réveil, je dois penser à ce que va manger bébé Chipmunk, des courses qu’il faudrait faire, des machines à lancer etc. Dès que j’ai une pause, je la passe à lister les tâches qu’il me reste à faire. Car je sais que ce sont des tâches qui m’incombent, vu que “je ne travaille pas”. Et la charge mentale, c’est aussi :
- Se poser des questions sur la garde du bébé dès que je dois m’absenter ou si j’ai des choses à faire
- Faire le tri de ses vêtements (je ne sais pas pourquoi, mais ce n’est pas quelque chose qui semble intéresser Mr Platypus haha)
- Se poser des questions sur les activités qu’on pourrait faire ensemble
- Chercher des jouets adaptés à son développement et se renseigner dessus
C’est aussi ne pas “se permettre” de tomber malade car je suis seule à m’en occuper. A la fin de la journée, je réalise que je ne me suis pas vraiment reposée. En plus, j’essaie désespérément de faire autre chose de mes journées et donc le vrai temps où je ne fais rien est presque réduit à néant.
Bref, tout ça pour dire que s’occuper d’un bébé, c’est déjà un exploit en soi, qui est bien vécu si on a de l’aide autour de soi. Mais c’est une activité souvent considérée comme “normale”, ingrate dans le peu de crédit qu’on reçoit.
L’impression d’avoir arrêté sa carrière
Un autre point que je trouve difficile, c’est cette impression d’être au point mort au niveau professionnel.
J’ai arrêté de travailler, et je n’ai plus les ressources en temps dans la journée pour m’investir sur des projets personnels. Je fais des efforts pour essayer de faire des formations, mais je suis aussi consciente que ce n’est pas valorisé à l’échelle d’une expérience que je n’ai actuellement pas. Et ce qui est bizarre, c’est la sensation d’avoir construit quelque chose professionnellement pendant plusieurs années, qui a été réduit à néant car je ne fais plus partie du monde de l’entreprise depuis plusieurs mois maintenant.
Je dois reconnaître que ce n’est pas forcément la façon dont je voyais ma vie future quand j’étais étudiante. Je dois reconnaître que voir mes économies fondre comme neige au soleil à cause de mes crédits, compter ce que j’achète, surtout pour une personne comme moi qui a un fort besoin de sécurité matérielle, n’est pas une chose aisée. Et enfin, je dois reconnaître que je déteste l’idée d’être dépendante financièrement de Mr Platypus.
Un certain sentiment de solitude
- Le premier point lié au sentiment de solitude, c’est le fait d’être souvent seule dans la journée. La personne avec qui j’interagis le plus, c’est mon bébé. Et si bébé Chipmunk est très rigolote et qu’on peut communiquer avec elle, les conversations sont quand même limitées, qu’on se le dise ! Quand je raconte ma journée à Mr Platypus, j’ai parfois le sentiment de raconter exactement la même chose que la veille et de tourner en rond : ce qu’elle a mangé, ce qu’elle a appris depuis la veille, pourquoi elle a pleuré, comment étaient ses siestes… Ce qui est difficile, c’est que ma conversation tourne maintenant presque exclusivement sur bébé Chipmunk car c’est ce qui occupe mes journées et j’ai la sensation de ne pas me renouveler.
- D’autre part, je réalise qu’il est parfois délicat de partager ses difficultés. C’est une évidence pour beaucoup de gens que c’est mon “rôle” de m’occuper de bébé Chipmunk toute la journée. Et comme c’est aussi une chance, de fait, je n’ai pas le droit de me plaindre. Pour certaines femmes, leur rêve est de s’occuper d’enfants. Je comprends. Et je réalise que je ne suis pas de celles là, ou alors avec des enfants plus grands, qui me laissent un peu de me-time haha.
- Enfin, être maman au foyer, je le perçois comme un choix que j’ai fait et en même temps comme mon fardeau car je ne peux pas le partager. Je pourrais demander de l’aide pour qu’on s’occupe de bébé Chipmunk, mais vu que je suis là, pourquoi le demander ? C’est un point qui peut exacerber le sentiment de solitude.
J’ai évoqué les défis que j’ai rencontrées et on peut se faire la fausse idée que tout est noir. Ecrire, c’est toujours colorer une réalité et forcément, comme j’ai commencé par ce qui était pénible, on peut croire que ma vie est un enfer.
Je sais pourtant que j’ai une chance inouïe.
Les tâches avec Mr Platypus sont bien réparties à 50/50 dans la maison. Mieux encore, quand il est là, c’est lui qui se lève la nuit et le matin tôt pour s’occuper de baby Chipmunk – et je peux dormir – et c’est aussi un père formidable avec elle. Ma famille est là et ma mère notamment est toujours prête à me dépanner, à garder bébé Chipmunk, à m’apporter à manger. Enfin, bébé Chipmunk elle-même est un bébé incroyable, qui ne pleure presque pas (sauf pour aller dormir haha), qui est vive, curieuse et super facile à vivre.
Mes joies de maman au foyer
La relation que je développe avec bébé Chipmunk
Comme je l’évoquais plus haut, je me suis beaucoup épanchée sur toutes mes insatisfactions de vie de maman au foyer. Mais ce serait occulter toutes les joies que je peux éprouver dans mes journées.
La relation que j’ai développée avec bébé Chipmunk est une relation que je chéris chaque jour toujours plus. Autant les premiers mois, l’interaction était assez limitée, autant son développement a permis de rendre mes journées un peu plus diverses. Je constate aussi son sourire quand elle me voit. Et pendant un temps, quand nous étions toutes les deux, elle-même avait un comportement plus calme. Quand je l’entends rire, que je la vois s’étonner et découvrir de nouvelles compétences, ce sont des moments de grâce que personne d’autre ne connaît. Je trouve que c’est incroyable de pouvoir développer cette intimité là avec une personne, et c’est quelque chose à laquelle je ne m’attendais pas.
Passer du temps pour des choses qui sont importantes
Je me souviens avoir évoqué ma fatigue à un ami sur internet. Celui-ci m’avait répondu que même si c’était fatigant, je dédiais mes efforts et mon intelligence à ma famille, à quelque chose qui en valait la peine et pas à un travail, qui pouvait être abstrait. Je repense souvent à cette réponse.
Effectivement, le temps que je passe est consacré à faire en sorte que bébé Chipmunk grandisse bien, qu’elle sache qu’elle est bien entourée et qu’elle ait des expériences positives chaque jour.
Ce n’est pas parce que la société ne valorise pas les femmes au foyer que je devrais moi-même dénigrer ce temps passé avec bébé Chipmunk. Je n’ai pas à me conformer à la même échelle de valeurs. Le concret, l’important, reste ma famille. Et je sais que pour cette raison, j’ai de la chance de passer du temps avec elle. Je suis bien consciente que même si c’est fatigant, le soutien et l’attention que je lui apporte lui permettent aussi de grandir à son rythme et de prendre confiance en elle.
Accepter cette bulle exceptionnelle
Depuis le début de mon expérience de maman au foyer, j’ai du mal avec l’idée “d’être en pause”. J’ai l’impression qu’il me manque la stimulation intellectuelle que je trouve (parfois) dans le travail.
Mais je sais aussi que c’est une opportunité d’avoir cette bulle et qu’à l’échelle d’une vie, une année est vite passée. Avoir eu ce tête à tête avec ma fille est une chance qui ne se reproduira peut-être pas, et pouvoir dire que j’ai été là pendant ses premiers mois est quelque chose dont je suis fière.
Je vais aussi dire quelque chose bateau qu’on entend souvent mais qu’on ne comprend que plus tard :ça passe tellement vite. Je repense souvent aux premières semaines et je me dis que c’est incroyable à quel point bébé Chipmunk a changé et grandi. Chaque moment est un moment à profiter. Et j’ai de la chance d’être là.
Une maman toujours en devenir
Etre maman au foyer m’a permis d’apprendre pas mal sur moi même et je mettrais en avant 3 points dont j’ai pris conscience et sur lesquels je continue de travailler.
Le perfectionnisme et l’auto-dénigrement : des points sur lesquels je travaille
J’ai toujours eu un côté perfectionniste et j’ai déjà écrit dessus ici.
Il faut croire que cette tendance ne s’est pas encore estompée.
J’éprouve encore des frustrations de ne pas faire plus dans une journée. Le fait d’être à la maison m’incite à me dire que ca devrait être normal d’avoir une maison propre, des plats faits maison, de faire de l’exercice etc. D’où ma charge mentale qui ne s’est pas allégée.
Je crois que c’est un sujet dont je me rends compte encore plus depuis que j’ai bébé Chipmunk, car autant je pouvais rester dans ma zone de confort dans le milieu professionnel et masquer cette tendance, autant ce n’est pas le cas dans mon rôle de maman. Chaque jour, il y a une part d’inconnu qui ne me permet pas de tout contrôler. Et même si ce n’est pas évident pour moi, c’est tant mieux !
C’est en étant maman que je me confronte aussi à ce qu’il peut y avoir de fragile en moi. Et c’est en les réalisant, en étant frustrée, que je peux aussi grandir.
Ce n’est pas grave s’il y a des accrocs dans la journée !
Être maman au foyer, comme je le disais, c’est apprendre sur soi, et c’est apprendre notamment à relativiser.
J’aime être dans le contrôle et au tout début, chaque fois qu’il y avait des accrocs, j’avais l’impression que c’était la fin du monde. Bébé Chipmunk refusait de dormir (désolée, on peut croire que je suis obnubilée par mes histoires de sommeil avec bébé Chipmunk mais j’ai quand même eu un bébé relativement facile dont le seul défaut est de ne pas avoir un sommeil qui corresponde à ce que prescrivent les livres de puériculture…), et à ce moment là, j’avais l’impression que ma journée était fichue. Bébé Chipmunk pleurait et j’en faisais un drame.
Dans mon bilan des 9 mois de maman au foyer, je me rends compte que ça m’a appris à relativiser, et à prendre un peu plus de légèreté aux imprévus, aux choses qu’on ne contrôle pas et aux émotions d’un bébé qui peuvent me désarçonner.
Il y a un article qui fait chaud au coeur et que je recommande ici. Il explique comment les pleurs du bébé peuvent nous désarçonner. Mais c’est normal, on est sa figure d’attachement et c’est parce qu’il se sent à l’aise avec nous qu’il peut s’exprimer ainsi. C’est notre place privilégiée avec lui qui fait qu’il existe quelques accrocs dans une journée !
Apprendre à prendre soin de soi, même quand on a un bébé et qu’on doit s’occuper de lui toute la journée
Enfin, l’un des plus grands défis depuis que je suis maman, est de savoir prendre soin de soi.
Avec un bébé, j’ai parfois l’impression de courir après le temps. Je commence quelque chose et au moment où je rentre dans le “flow”, bébé Chipmunk se réveille ou a besoin de moi. A force de faire passer les besoins de bébé Chipmunk en premier, je peux m’oublier moi-même.
Etre maman, c’est aussi apprendre à prendre soin de soi même quand on n’a pas beaucoup de temps, quand tout semble chaotique et qu’on peut faire autre chose. On comprend plus rapidement aussi les priorités : je peux passer beaucoup de temps à regarder l’actualité sur internet alors que ça ne me ressource pas !
Bon, je ne suis pas parfaite (encore une fois !), mais c’est en ayant à s’occuper d’un autre être qu’on apprend aussi l’importance de s’occuper de soi et d’aller droit au but.
Conclusion
Comme on peut le constater, mon rapport avec ma situation de maman au foyer est très ambivalent. J’adore l’idée de pouvoir donner mon énergie pour bébé Chipmunk et pour son développement. Il y a encore quelques traits sur lesquels je continue à travailler pour apprécier encore plus cette période.
Néanmoins, je trouve aussi cette situation très ingrate car on ne valorise pas assez les personnes qui s’occupent de leurs enfants – comme si elles étaient en vacances, ou qu’elles se tournaient les pouces à la plage en buvant un mojito. C’est tellement le contraire que ça me hérisse le poil. Je crois qu’en devenant maman, on ne peut pas s’empêcher de devenir encore plus féministe.
Je trouve dommage qu’on ne se rende pas compte qu’on construit quand même le visage de demain, que ces enfants qui grandissent seront les adultes qui dessineront le monde plus tard. Et que pour cette raison, la patience et l’énergie requises pour être parent au foyer devrait juste être plus réhabilités.
Et vous ? Si vous êtes mamans au foyer, quelles sont vos difficultés / joies / bilan ? N’hésitez pas à m’écrire !