Avant la grossesse – Se poser des questions sur la parentalité (et la maternité dans mon cas)
Bébé est arrivée et j’ai la joie d’être maman. Mais je trouve qu’il est important aussi de mentionner qu’avant de devenir maman, je me suis posée beaucoup de questions sur la maternité et que je n’étais pas sûre d’être prête…
Je trouvais important de mentionner ce sujet parce qu’on considère trop souvent la maternité comme “allant de soi”. J’ai eu beaucoup de questionnements que je souhaite partager ici.
La parentalité est un sujet un peu tabou : c’est difficile d’en parler avec des amies qui ont eu des enfants – car pour la plupart, ça a juste été une évidence. Et pour ceux qui n’en n’ont pas, mais par choix – bah je crois que je n’en connais pas beaucoup. Enfin, il y a ceux qui attendent que vous en ayez (et ça, je reconnais que c’est le plus dur)
Finalement, oui, avec M. Platypus, on est devenu parents mais aucun de nous deux n’avait une vision tranchée sur la maternité. On le mentionne pas assez mais je trouve ça normal de se poser des questions et je reconnais que quand on se pose des questions, on se sent parfois seuls dans ses propres questionnements.
Introduction
C’est assez bizarre car j’avais toujours grandi avec l’idée que mon idéal de vie serait d’avoir une famille. Je crois qu’une part de nous veut juste reproduire les structures familiales dans lesquelles on a été si heureux.
Mais voilà, parfois, notre idéal évolue. Et avoir un enfant n’a pas été une évidence.
D’abord, j’étais heureuse d’être avec M. Platypus. Seulement à deux. Nous nous sommes rencontrés un peu avant la trentaine et je crois que j’avais envie de profiter d’un temps pour notre couple.
Ensuite, je suis aussi plus consciente de la façon dont on inculque la maternité comme l’avenir des filles/femmes. Donc de facto je suis aussi plus critique par rapport à ce qu’on montre aux enfants (notamment moi !) quand on est petit.
Donc oui, il y a quand même des sujets que je n’ai pas balayés d’un revers de main quand je me suis posée des questions sur le fait de vouloir ou non être parent.
Ce qui faisait pencher la balance vers le non
Avoir peur de perdre ma liberté et mon style de vie
J’aimais notre style de vie avec Mr Platypus.
On se laisse de la liberté pour faire toutes les activités qui nous plaisent. C’est quand même chouette, car ça me laissait le temps de faire du yoga, du dessin ou des travaux manuels, d’apprendre le vietnamien. Le rythme de vie idéal en somme. Les voyages se faisaient sans aucune contrainte (et on a fait des beaux voyages !).
Financièrement, on ne se posait pas trop questions. Si un de nous deux souhaitait changer de boulot, on savait que ce serait possible. Et qu’on s’en sortirait si un de nous deux commençait à travailler seulement 4 jours sur 5. D’autre part, si je voulais reprendre des études (parce que c’est ce que j’aime), ce serait possible sans enfant. C’est important pour moi d’avoir ses propres projets personnels et d’investir toujours sur soi.
De plus, je crois que la créativité nécessite de l’espace pour soi – de l’espace temporel et de l’espace spatial. Et je me rends compte que c’est la création qui me réjouit le plus.
Décider d’avoir un enfant, c’était aussi accepter la possibilité de chambouler cet équilibre. Dédier ses principales pensées à l’enfant. Réduire ses projets personnels. Accepter les contraintes matérielles. Réduire le temps pour soi. Avoir une intimité avec son partenaire différente.
J’ai entendu des personnes me dire que que ce choix de vie était égoïste. Franchement, je pense que ce qui est égoïste, c’est de faire un enfant quand on n’est pas prêt. Et quand on met la pression à l’autre pour imposer son propre idéal de vie.
J’avais lu des articles de celles qui évoquaient le regret d’être mère : un chez Rockie ici et un sur le Huffington post ici. Bon, je crois que ces remarques sont inaudibles pour une personne qui n’a pas d’enfant et qui ne peut pas forcément comprendre. Mais oui, on peut se poser la question si nos idéaux de vie sont ceux de rester à deux ou non.
Mon peu de confiance en l’avenir
Je crois que dans toute volonté de reproduction humaine, il y a un élan vital d’optimisme. Pour vouloir avoir des enfants, il faut aussi pouvoir se dire que le monde dans lequel nos enfants évolueront est un monde approprié. Et s’il ne l’est pas, au moins qu’il sera amené à s’améliorer.
Et le problème, c’est que malheureusement, je n’avais pas du tout cette vision optimiste de l’avenir. Je crois hélas que mon avis n’a pas vraiment évolué sur ce sujet :
- Le réchauffement climatique atteint un niveau de non-retour
- les inégalités entre les pauvres et les riches ne cessent de s’accroître
- On vote désormais pour les hommes politiques les plus populistes possibles.
Donc je me disais que si j’avais un enfant, il grandirait dans un monde où la moitié de la faune et de la flore aurait disparu, dans un pays divisé avec plein de problèmes environnementaux.
Je reconnais que ma vision du monde n’est pas des plus glorieuses haha. J’omets peut-être l’ensemble des projets citoyens forts, les élans qui pourraient me rendre plus optimiste. En plus, j’ai toujours été nulle pour prédire l’avenir. Mais bref, je ne peux pas nier que ça n’aidait pas. Est-ce qu’on allait être égoïste si on faisait un enfant qui grandirait dans ce genre de monde ?
Avoir peur d’être toujours fatiguée
Là, c’est vraiment personnel, mais il faut savoir que mon système immunitaire n’est pas des plus résistants. Je suis régulièrement malade avec le nez qui coule et de grosses fatigues. J’avais peur qu’un enfant compliquerait encore plus les choses :
- Comment je ferais pour me reposer ?
- Comment je pourrais m’occuper d’un enfant si je suis moi-même fatiguée et/ou malade ?
Franchement, ce n’était pas une évidence de me dire que j’aurais la vitalité nécessaire pour être maman.
Il y avait aussi une partie de moi qui avait peur de regretter de ne pas avoir des enfants
Evidemment, je ne saurais jamais ce que c’est d’avoir un enfant tant que je n’en aurai pas. Et au fond de moi, j’avais peur qu’arrive un moment où il serait trop tard et que je le regrette.
Au fond de moi, un certain idéal de vie
C’est bête à dire mais quand je pensais aux photos de Noël, j’aimais l’idée d’avoir une famille et pas seulement d’être deux. C’était sympa d’être dans une bulle à deux mais je me disais qu’être dans une bulle à trois ou quatre pouvait s’avérer tout aussi chouette.
J’aimais également l’idée de transmettre même si je pense que la transmission ou l’impact qu’on peut avoir dans une vie ne se réduit pas aux liens du sang. Et j’aimais l’idée de pouvoir voir Mr Platypus en tant que père. Parce que quelles que soient ses peurs de ne pas un être un bon père, j’étais certaine qu’il serait parfait.
Donc j’étais consciente qu’une partie de moi aimait l’idée d’étendre la famille
Me dire qu’on serait assez forts pour les changements matériels / nos habitudes
En termes de changement de nos habitudes, oui, un enfant, ça change nos prérogatives. Mais je voyais des couples qui venais d’avoir un enfant et qui le vivaient bien (et qui font même des randonnées avec leur bébé de 5-6 mois). Ce sont d’ailleurs mes modèles maintenant haha. Donc dans mes questionnement, je me disais aussi que c’était possible.
D’autre part, la perte du confort matériel est peut être une peur ancrée au fond de moi et à cette époque, je me disais aussi qu’il y avait des chance pour qu’elle ne se se réalise pas. Je me satisfaisais déjà de peu de choses (à part un super appartement haha). Donc on pouvait avec M. Platypus continuer à se satisfaire de peu.
L’envie de donner la vie
Enfin, cela peut sembler bizarre, mais j’aimais l’idée de pouvoir donner la vie. Ca tient un peu de ma volonté d’être dieu haha. Non mais sérieusement, renoncer à donner la vie, c’est aussi renoncer à un certain élan vital. C’est le côté animal / reproducteur, mais je crois qu’en moi j’avais aussi peur de regretter de ne jamais connaître ça.
Conclusion et une requête : arrêtez de mettre la pression aux gens sur la maternité !
Au final, on a fait un choix et notre bébé n’est pas le fruit du hasard. On est très heureux et on sait que c’est une nouvelle aventure.
Je suis consciente de ce que je laisse derrière et étrangement je n’ai pas peur. Je crois que j’ai suffisamment confiance dans notre couple pour me dire que même si tout change, nous continuerons à être heureux et joyeux. D’autre part, je crois que j’ai suffisamment conscience de ce que je chéris pour essayer de ne pas le perdre de vue malgré les changements.
Je pense néanmoins qu’on met trop souvent la pression aux trentenaires d’avoir des enfants. Déjà qu’on peut se poser des questions, ce n’est pas la peine de les harceler. Je détestais ça ! Que ce soit sur le ton de la blague ou sérieusement, des questions discrètes ou indiscrètes, à partir du moment où on essaie d’influencer l’autre dans un choix, il y a quelque chose de malsain.
D’autre part, je ne comprends pas pourquoi on veut imposer un certain idéal de vie. Pourquoi devrait-on se justifier parce qu’on n’a pas d’enfant ? Pourquoi ceux qui ont des enfants ne se justifient-ils pas ? Chacun peut avoir des objectifs différents dans la vie, et la société (malheureusement, surtout la famille), semble attendre des personnes qu’elles reproduisent un certain schéma familial.
Je ne crois pas non plus en l’instinct maternel et je pense seulement que ce sont des choix. Et aucun des choix n’est meilleur que l’autre. Le choix d’un enfant engage plus que n’importe lequel car on devient responsable d’autre que soi, et aussi parce que l’enfant n’a pas demandé à naître. Donc à tous ceux qui mettent la pression, s’il-vous-plaît, arrêtez !