Le 4ème trimestre ou le mois d’or : un petit bilan
On parle du mois d’or, ou du 4ème trimestre. L’après grossesse – ou postpartum – est une période dont on commence de plus en plus à parler mais peut-être pas assez. Car c’est vraiment un bouleversement complet. Le rythme de vie change, nos préoccupations également. Voici le bilan des 3 premiers mois avec bébé Chipmunk, les bonnes surprises comme les mauvaises !
Un premier mois chaotique
Comme je l’écrivais plus haut, on se prépare à une naissance mais j’ai vraiment trouvé que le postpartum était beaucoup plus difficile que la grossesse. En particulier le premier mois ! Et je crois que je n’étais pas préparée au choc que cela représentait.
Un allaitement qui m’a fragilisée
Je pensais l’allaitement naturel : bébé Chipmunk était supposée téter toutes les 3 heures. Il n’en a rien été.
La première semaine, bébé Chipmunk a tété toutes les nuits (je restais éveillée de minuit à 10h du matin, et je m’écroulais alors dans le lit pendant que Mr Platypus se promenait avec elle pour que je puisse dormir).
A partir du 4ème jour, elle a commencé à s’agiter quand elle tétait. Elle se cognait la tête contre le sein comme un pivert, sans pouvoir le prendre. Ensuite, elle criait. Vous pouvez imaginer mon désarroi.
Ensuite, malgré la montée de lait, elle a tété des heures entières en pleine journée. Je ne me suis pas posée de question sur la quantité de lait, mais je me demandais si elle avait elle même des problèmes pour téter.
Je ne comprenais rien et j’étais complètement désorientée. L’image idyllique du bébé qui tétait avec calme était loin. Et de mon côté, je persistais à lui tendre le téton jusqu’à ce que par magie, bébé Chipmunk le prenne.
Heureusement, une consultante en lactation bénévole nous a rassuré et nous a dit que tout allait bien. Et que oui, qu’il fallait qu’on prenne le temps de se découvrir, bébé Chipmunk et moi. En tout cas, c’est clair : l’allaitement le premier mois n’a pas été une partie de plaisir.
Un sentiment de solitude
L’allaitement s’est accompagné également d’un sentiment de solitude le premier mois qui n’a pas été facile. Le soir, quand Mr Platypus dormait, je me retrouvais toute seule avec bébé Chipmunk à l’allaiter toute la nuit. Et pesait sur moi la responsabilité de nourrir mon bébé (surtout que les premiers jours, la prise de poids est un des éléments sur lequel les sages femmes mettaient le plus la pression).
Il y a des moments où je me suis senties seule et démunie de ne fait de ne pas pouvoir partager cette responsabilité, malgré tout le soutien de mes proches qui pourtant étaient là. Mais sur certains points, notamment celui ci et celui de l’endormir, personne ne pouvait alléger cette charge.
La notion de fatigue qui prend une dimension différente
En fait, il y a un avant et un après naissance en termes de fatigue.
Avant la naissance de bébé Chipmunk, quand j’étais fatiguée, je pouvais me lever tard ou dormir plus tôt. Après la naissance, si bébé Chipmunk ne dormais pas et avait besoin de moi, je devais être opérationnelle, peu importe que je n’aie pas dormi, mangé ou fait pipi.
La notion de fatigue prend alors une toute nouvelle dimension :
- J’ai parlé de l’allaitement, qui m’a obligée à veiller plusieurs nuits de suite, sans pouvoir partager ce qui m’apparaissait alors comme une charge. En plus, l’allaitement peut prendre du temps
- L’accouchement laisse également des séquelles dont on ne parle pas forcément. Je pense que les mamans oublient avec le temps, mais c’est vrai que je réalise qu’on ne m’avait pas parlé du pipi qui pique, du sang qui coule encore plus que les règles et de la difficulté de marcher les premiers jours.
- Le fait de mettre ses propres besoins au second plan : le fait de devoir m’occuper de bébé Chipmunk quoi qu’il arrive fait que mes propres besoins sont passés au 2nd plan. Un exemple parmi d’autres : quand Mr Platypus a recommencé à travailler, je me souviens le regarder avec envie partir prendre une douche pendant que je m’occupais de bébé Chipmunk. De mon côté, je savais que j’allais galérer pour pouvoir avoir un minimum d’hygiène intime : j’allais me retrouver seule, elle pleurerais sûrement, et j’allais devoir être super efficace.
Le tableau que je dépeins peut sembler affreux. D’une certaine manière, j’ai vraiment été choquée par le défi qu’avaient représenté les premières semaines. J’ai aussi eu l’impression que l’arrivée de l’enfant était censé effacer les difficultés qu’éprouvaient les jeunes parents, et que les proches se concentraient plus souvent sur l’excitation de l’arrivée d’un bébé que sur le bien-être des parents.
Et puis, il y a ces joies que seuls les parents connaissent
Je vais être honnête : le premier mois, et même les 6 premières semaines ont vraiment été une période difficile. Mais je ne peux pas passer sous silences toutes ces joies qu’on a quand on devient parent.
Éprouver un amour sans borne pour son bébé
C’est clair, j’ai eu l’impression de devenir maman plusieurs fois : quand on a commencé à se dire qu’on voulait un enfant, quand j’ai appris que j’étais enceinte, quand j’ai posé mes yeux sur bébé Chipmunk pour la première fois et à chaque fois que j’ai l’impression de découvrir une nouvelle facette de bébé Chipmunk.
C’est incroyable de se rendre compte de l’amour qu’on peut éprouver pour son bébé. Je pense que c’est le seul être que je peux regarder dormir ou ne rien faire, et ne pas voir le temps passer haha. Chaque jour, je vois bébé Chipmunk évoluer et apprendre de nouvelles choses, et je me dis que c’est une génie haha. Et plus les intéractions se multiplient, et plus je me sens proche d’elle.
Pouvoir se moquer de son bébé
C’est drôle à quel point bébé Chipmunk peut ne pas ressembler à ce que j’imaginais. Aucun parent n’en parle, mais quand les bébés naissent, ce sont souvent des laiderons.
On a rigolé avec Mr Platypus de ses poils sur le dos et sur les épaules quand elle est née.
Au bout d’un mois, on a commencé à voir des plaques sur son visage et elle avait perdu ses cheveux. L’intérieur de ses oreilles était horriblement sale (et je ne parle pas de l’intérieur de son cou).
C’était le plus beau bébé du monde mais maintenant que je regarde les photos, je dois reconnaître qu’il n’était pas le plus glamour. Il n’y a que les parents qui peuvent regarder avec extase leur bébé tout en reconnaissant qu’il est moche haha.
Constater que la confiance se développe avec son bébé
Il y a quelque chose de merveilleux qu’on découvre lors des 3 premiers mois : le sourire de son bébé. Ce moment a été très attendu par Mr Platypus et moi car pour la première fois, on a eu l’impression que bébé Platypus réagissait favorablement à notre vue héhé.
Mais au delà du sourire de son bébé, ce que j’ai trouvé fou, c’est de réaliser que petit à petit, bébé Chipmunk me faisait confiance. Vers le 3ème mois, j’ai vraiment senti qu’elle se calmait plus rapidement quand elle était dans mes bras ou qu’elle pouvait suivre du regard son père ou sa mère.
Il y a vraiment quelque chose de gratifiant de constater qu’on est devenu ses points d’attache et que la confiance continue à grandir.
Des relations qui évoluent
L’arrivée d’un bébé est un tel chamboulement que tout évolue en même temps notamment nos relations avec les autres, et ce, dans un temps vraiment limité
Les relations avec son conjoint
Sur plusieurs aspects, j’ai trouvé que les choses avaient changé, et les relations avec le conjoint n’échappent pas à la donne.
J’avoue trouver dommage de ne pas avoir autant de temps de profiter de nos moments à deux. En particulier pour les dîners. On mange la plupart du temps en différé car un de nous deux s’occupe de bébé Chipmunk. Idem pour la cuisine, qu’on faisait souvent en duo. On n’a plus beaucoup de temps pour jouer à des jeux de société ensemble. Et parfois, je réalise que ma conversation tourne beaucoup autour de bébé Chipmunk et moins de nous (bah oui, je passe 100 % de mon temps avec elle).
Le fait d’avoir un bébé peut également créer des tensions, surtout quand la fatigue rentre en jeu. A ce moment là, je suis en mode “survie”, et je reconnais que je pense d’abord à mes besoins primaires, sans forcément prendre en compte la fatigue de l’autre. Comprendre : je suis un zombie qui ne pense qu’à manger et dormir. C’est beaucoup plus difficle d’être à l’écoute de l’autre dans ces moments là.
Mais en même temps, j’aime l’idée qu’on devient une équipe, qu’on apprend à devenir parents tous les deux. On tente des choses avec bébé, on se raconte le résultat. On s’émerveille des mêmes choses. Et découvrir les difficultés ensemble permet de nous souder.
Nos relations ont changé et continuent d’évoluer, et je sais que je dois faire parfois plus attention à prendre soin de nous deux, mais j’ai aussi confiance que notre relation évolue pour le meilleur.
Les relations avec sa famille
Mes amies m’avaient dit que les relations avec la famille évoluaient à partir de la naissance d’un enfant. C’est un peu vrai.
Tout à coup, la famille s’implique vraiment beaucoup dans la vie quotidienne, surtout au début ! J’ai eu l’impression les tous premiers jours que je devais faire un compte rendu de chacune de mes journées. On doit soudain répondre à plein de questions. Voire se justifier. Est-ce que le bébé a bien pris son bain la première semaine ? Pourquoi ne pas le faire plus souvent ? Pourquoi vous n’utilisez pas telle affaire ? Pourquoi tu ne laisses pas pleurer plus ton bébé ? Pourquoi tu ne fais pas téter bébé seulement toutes les 3 heures ? Peux tu envoyer plus de photos ? Etc. Au début, j’ai eu l’impression d’étouffer et j’ai dû prendre sur moi les premières semaines. Mais cette excitation, comme toute chose, passe.
Et en même temps, la famille est le soutien qui m’a permise de sortir la tête de l’eau pendant ce post-partum. Les parents de Mr Platypus ont répondu présents pour venir nous aider pendant cette période.
De la même façon, quand ma mère est venue m’aider, j’ai réalisé le lien qui me liait à elle. Je me suis rendue compte à quel point je pouvais compter sur elle et à quel point je l’admirais en tant que maman. Je pense que la maternité m’a permise d’avoir un regard neuf sur ma mère et de réaliser toutes les qualités qu’elle possédait, que je prenais pour acquise car j’avais grandi avec elle, et que j’aimerais maintenant moi-aussi transmettre à bébé Chipmunk : une façon de rigoler des situations parfois déplaisantes, un certain optimisme, cette faculté de rester calme dans des situations qui me stressaient (par exemple quand bébé Chipmunk pleurait de façon vraiment intense et vraiment longtemps).
Pendant cette période de post partum, je dois reconnaître que même si nous vivions dans des pays différents et même en période de Covid, j’ai toujours senti le soutien de nos familles. Certes, il y a des choses qui peuvent agacer, mais au final, les relations en sont ressorties renforcées
Les évolutions avec les amis
Je n’ai pas eu de chance car avec le Covid, je n’ai pas eu l’occasion de voir beaucoup de mes amies à Bristol (surtout que même après le déconfinement, elles avaient trop peur de la possibilité de contaminer bébé Chipmunk). J’ai eu l’impression qu’on avait perdu nos amis avec Mr Platypus : il y avait ceux qui partaient de Bristol, et ceux qui avaient peur du Covid.
Et donc je ne pensais pas que je serais de ces personnes là, mais pendant le 4ème trimestre, j’ai été très heureuse de faire partie de groupes de jeunes mamans. Je n’avais pas réalisé à quel point c’était important avant d’être maman. On pouvait s’échanger plein de conseils, faire des sorties, converser sur WhatsApp. En plus, j’étais dans plusieurs groupes de mamans ! Et ce qui est vraiment chouette, c’est qu’on peut vraiment raconter tous nos problèmes et avoir une réponse bienveillante avec des personnes qui vivent à peu près la même chose au même moment.
En termes de relations avec les autres, c’est vraiment ce qui m’a le plus étonnée pendant ce post partum : me sentir bien dans ces groupes de mamans.
On évolue nous mêmes également
L’arrivée d’un enfant est aussi une source de bouleversements psychologiques. J’ai fait un article dédié dessus, que je vous invite à lire ici.
Conclusion
On est au troisième mois et bébé Chipmunk sourit et commence à faire des ébauches de rires.
Les premiers mois (surtout le premier !) sont compliqués car la vie quotidienne évolue tellement qu’on peut se sentir désarçonnés par ce changement. J’ai moi-même l’impression d’être aspirée dans un tourbillon qui m’entraîne quelque part et que je ne peux pas contrôler. Il y a de nouveaux défis, mais il y a des joies incroyables. Et petit à petit – ce n’est pas encore fait – je pourrai me poser un peu plus et trouver un meilleur équilibre. Et je serai juste contente d’avoir vécu tout ça.
Pour l’instant, je peux faire ce bilan des 3 mois, et il est très probable que mes réflexions vont changer dans quelques mois. Tout change si rapidement ! J’imagine que c’est ce qui donne un peu de sel à la vie
Et vous, comment avez vécu votre post-partum ?